La forme intensive
Elle traduit le français c'est moi (/toi/lui, etc) qui...
Le kobold utilise ici le démonstatif iyo et, pour ceux qui ne
comprennent pas la logique kobold, nous allons faire un peu de paléolinguistique...
Soit, en kobold archaïque, la phrase suivante :
Iya ya gonoyete yemeye.
Celui qui il sait est moi.
Ces redondances ont disparu en kobold semi-archaïque, d'où la forme :
I gonoya yemeye.
Ce connaissant est moi.
Ce qui a donné en kobold moyen les formes :
Dialectes de l'ouest | : |
I yogono yemeye. Ce connaisseur est moi. |
Dialectes de l'est | : |
I yoho gonoya yemeye. Ce type sachant est moi. |
D'où la forme moderne iyo :
Iyo gonoyeme yeza.
C'est moi qui le sait ("qui sait cela").
Iyo hudareyate sa iyo dareyame.
C'est lui qui a promis mais c'est moi qui ai donné.
Watayome guneburuza yetewa ka iyo viniyate yeye.
J'attendais sa soeur et c'est elle-même qui est venue.
- Eya petiyate gekaza yemeda ka agonoyeme yaye.
- Iyo yame.
- Quelqu'un a demandé à me rencontrer ("une rencontre pour moi")
et je ne sais pas qui c'est / c'était... ("je ne connais pas qui-cela")
- C'était moi.
NB : iyo inclut le relatif que l'on trouve en français ("c'est ... qui/que").
La forme iyo ne concerne que les personnes :
Iyo petiyeme gewenaza.
C'est moi qui demande des excuses.
Iye petiyeme munoyaye ka alulariza.
Ce sont des explications que je demande et non des pleurnicheries.
Ce que je demande (sont) des explications et non des pleurnicheries.
(NB 1 : les pluriels employés en français ne sont que des singuliers collectifs.
NB 2 : mettre la négation sur ka donnerait aka lulariza = sans pleurnicheries.
On peut mieux dire : wi lulariye, "au lieu de pleurnicheries")
Lorsqu'on emploie iye suivi d'un nom, ce dernier est sujet :
I rehuxoraye simiyøke horoza.
Cette vallée-ci ressemble à un jardin.
Iye rehuxora simiyøke horoza.
C'est une vallée qui ressemble à un jardin.
Iye domu gawa Ponewa limonola. Pediviniya,
Abitihøye Weyokolepa Xavixikeya.
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C'est une grande maison Posée sur une colline.
Venant à pied, On ne frappe pas
À cause des habitants Jetant la clé. (d'après M. Leforestier) |
Domu lekoyoke. La maison était blanche. |
Iye domu lekoyoke. C'est une maison qui était blanche. C'était une maison blanche. |
(Dire Iye domu lekowa ne permet pas d'introduire une nuance de passé.)
Mais :
Iye yokuyaame domuza lekowa
Ce que j'avais vu (était) une maison blanche.
C'est une maison blanche que j'avais vu.
Il existe des interrogatifs uyo et uye apparentés
aux démonstratifs iyo et iye :
Uya seyayate yeza ? Qui a dit cela ? | |
Uyo seyayate yeza ? Est-ce lui qui a dit cela ? |
| | Uyo seyayase yeza ? Est-ce toi qui a dit cela ?
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U debeweme fareye yeza ? Est-ce que nous devons le faire ? |
| Uyo debeweme fareye yeza ? Est-ce nous qui devons le faire ?
|
U rehuxora simiyøke horoza ?
Est-ce qu'une vallée ressemble à un jardin ? | |
Uye rehuxora simiyoke horoza ?
Était-ce une vallée qui ressemblait à un jardin ? |
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Uyo yase ye yokuyame hadagaba pixivenaye yemesaguyi* ?
Était-ce toi que j'ai vu hier pêcher dans mon étang ?
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(*) saguyi : "depuis" l'étang.
Cf : Pereyeme botagarila, pixivenaya saguyi.
Je suis dans le pré, pêchant dans l'étang.
Exemple combinant les formes extensive et intensive :
Uyo buru yemewa fareyase yeza ?
Est-ce toi, mon frère, qui a fait cela ?
Il existe de même les formes négatives ayo et aye :
Ayo awanayome sa iyo apoteyote.
Ce n'est pas moi qui ne voulais pas, mais c'est lui qui ne pouvait pas.
Ayoyate ye wanayami gekaye.
Ce n'est ("ne fut") pas lui que j'aurais voulu rencontrer.
Il n'était pas celui que j'aurais voulu rencontrer.
Aye bewarayeke yøxa warapa.
Ce n'est pas important seulement parce qu'on en tient compte.
Bewaraheye ayøxa warapa / waraxi.
C'est important pas seulement parce qu'on / si on en tient compte.
Exemple combinant la forme extensive et la forme intensive négative :
Ayo yoki yuvayeti yemeza...
Ce n'est pas le voisin qui me donnerait un coup de main...
Lorsque cette négation s'applique à un groupe complément, on met celui-ci
en tête de phrase, pour insister :
Ayo yemeda seyayate yeza.
Ce n'est / moi-datif / il a dit / cela-acc.
Ce n'est pas à moi (qu')il l'a dit.
ATTENTION au gallicisme
"Ce n'est pas parce qu'on n'en rien à faire que ce n'est pas important."
Après moult ratures, l'Académie a validé ceci :
Ayøxaheye Il n'est pas seulement |
awarabu de n'en pas tenir compte |
abewarago. pas important conséquence. |
Car la traduction littérale :
Aye awarapa yebu ye awaraheye.
est un barbarisme qui compte un ye de trop.
Car, dit l'Académie :
Yi "ye" deyutiyøke yøxa ba meseya mumuniseyaka
atenexeke ayuwa ponesemaza, ka yi "heye" valeyøke semaza
galowa "on" ka "c'est" simiye, yela wino ponesema yøxaheye,
ka yego anesuheye yutiye yugusemaza "ye".
Attendu que "ye" n'est utilisé que lorsque la principale et
la subordonnée n'ont pas le même sujet, et que "heye" signifie le
français "on" aussi bien que "c'est", il n'y a ici qu'un sujet, et
par conséquent il n'y a pas lieu d'employer le relatif "ye".
Le mieux est de mettre la négation sur le relatif de cause :
Apa awaraheye yebu abewaraheye.
Ce n'est pas parce qu'on n'en rien à faire que ce n'est pas important.
Cela semble faire beaucoup de négations, mais :
En changeant l'ordre des termes, cela donne :
Abewaraheye apa awaraheye yebu.
Ce n'est pas important pas parce que on n'y fait pas attention.
Ce qui est totalement indigeste.
Cette excursion grammaticale souligne une possible erreur
d'interprétation de que dans l'expression que nous analysons.
En français, ne ... que veut dire "seulement" :
Ce n'est pas parce qu'on n'en a rien à faire
que ce n'est pas important.
C'est important pas seulement parce qu'on en a à faire.
Bewaraheye ayøxa warapa.
Les modes
Remarques sur l'impératif :
Dans beaucoup de langues, l'impératif est court :
Bois!
Sta! Reste! (italien)
Ou bien, il se construit avec un auxiliaire court :
Let drink!
En kobold, on peut aussi abréger (2ème sing) :
Potiyesu! > Poti'u!
On peut parfois élider le verbe :
Zumuveyesu! > Zu'u! = "Raus!"
Timuveyesu! > Ti'u! = "Entre!"
L'impératif existe pour toutes les personnes et tous les temps :
Timuveyetu! | | Qu'il entre! |
Seyayosu! | | Que ne le disais-tu pas! |
Seyayusu weteda. (*) | | Tu devras leur dire. |
Sopoyemu! | | Que je dorme! = Qu'on me laisse dormir! |
(*) Seyayusu weteda peut dire aussi : "L'ordre (yusu) de parler (seya) leur est attribué."
Mais les homophonies existent dans toutes les langues.
Idem pour sopoyemu = rivalité de sommeil, ce qui ne voudrait pas dire grand chose...
Notez qu'on peut mettre le pronom datif (weteda) à un autre temps :
Seyayusu wauteda.
Tu devras leur avoir dit.
L'ordre de parler leur aura été attribué. J
Lu dans le métro : Au delà de cette limite, votre ticket doit avoir été validé.
Il n'y a pas de métro dans la forêt des Kobolds, mais ce qui compte ici, c'est que le français utilise
une périphrase là où le kobold utilise un impératif passé : sigiyasu, "ayez scellé"
(ou un optatif passé : sigiyaso, "daignez avoir scellé") :
I yupelimila, sigiyaso tesaza yesewa.
Le mode optatif
L’optatif est un impératif faible :
Atimuveyato! | | J'eus souhaité qu'il n'entrât point! |
Seyayoso yeza! | | Je souhaitais que tu le dises! |
Seyayuso weteda. | | Je souhaite que tu leur diras. |
Sopoyeso gutexa. | | Je te souhaite de bien dormir. |
Le mode irréel
Le mode irréel correspond au conditionnel des langues latines modernes.
La concordance des temps en français est plus compliquée qu'en kobold
(sans compter quelques homophonies à la troisième personne du singulier : il dit - il disent / il dit - ils dirent, d'où l'emploi du pluriel dans
l'exemple qui suit)